Comment vivre pour soi ? 2 outils puissants : le yoga et la psychanalyse

Ces deux pratiques sont plus complémentaires qu’antinomiques. Leur objectif commun est d’éclaircir le mental avec pour horizon un équilibre intérieur nouveau qui vise la singularité du sujet. L’un permet l’autre.

Lorsque l’expérience du yoga se vit dans sa profondeur je crois qu’elle est pour chacun un lieu de commencement singulier, inédit, fondamental, un lieu d’espoir où le sujet se saisit de lui-même, fruit de son histoire et fruit de sa relation à autrui. Elle devient ce qu’appelle Patanjali dans ses règles éthiques, une étude de soi (svadhyaya). Une méditation qui pendant longtemps s’ignore, souterraine et muette qui, un jour, lors de sa maturation trouve une manière de se faire entendre, de se dire et d’intégrer pour le sujet ce qui fut vrai et qui l’est encore pour lui-même.


L’expérience de la cure psychanalytique est un chemin de longue haleine, un travail de tous les instants où le sujet a, pas à pas, accès à son inconscient. La règle fondamentale est que l’analyse est une cure de parole, énoncée et écoutée sans qu’aucun agir intervienne. Les limites de la situation analytique sont fixées par le cadre. C’est une thérapie qui respecte au plus près la personnalité de chacun. C’est une mise en lumière de ses problématiques, un désir qui peut à nouveau émerger. La connaissance de soi et l’acceptation de son être peuvent enfin se libérer.


Dans sa pratique, nous pourrions penser que le yoga et la psychanalyse sont des voies différentes qui ont peu de choses en commun. L’un est dans le champ spirituel et philosophique de l’Inde et l’autre dans le champ clinique et thérapeutique de l’Occident. Mais toutes les deux ont un but commun: réduire la souffrance et apprendre à reconnaitre la singularité de chacun.


Réduire la souffrance


Dans la tradition du yoga, la méconnaissance est une des premières causes de souffrance. A ce titre, la psychanalyse rejoint ce constat et se pose cette question : Comment éclaircir l’esprit pour qu’il voit ?

L’égo a une influence majeure dans notre vie quotidienne. S’en détacher c’est pouvoir le reconnaitre, le comprendre et l’accepter. C’est ava nt tout un mécanisme de défense, une construction du moi pour se protéger. Il est aussi une cause de souffrance car il fait barrage à la vie. A ce moment précis, peut intervenir la respiration : l’expiration peut aider à se libérer d’une cause reconnue. La dimension symbolique est bien présente en yoga il s’agit de mettre sous le joug, la pulsion de mort qui accompagne tous ses affects. A chaque inspiration, c’est l’occasion de prendre appui sur ce à quoi nous aspirons pour aller chercher la force et la clarté, la confiance qui nous manque pour traverser certaines épreuves.

La pratique du yoga permet donc non seulement d’apprendre à se connaitre et à mieux appréhender son corps mais également à retrouver un esprit libre grâce à la corrélation entre le corps et le souffle. Prendre du temps pour méditer est également une très belle manière de s’évader et d’être au plus près de ses ressentis.

Le yoga dans sa totalité (asanas, pranayama, méditation) permet un travail de lâcher prise qui passe par l’intensité d’un effort physique suivi de sa détente. C’est son dénouement qui provoque une certaine distanciation psychique (au bout de ce processus, un individu peut avoir des révélations). Au fil du travail, les pensées agitées se calment et survient alors un autre type de pensées qui provient de la clarté mentale. L’instabilité s’apaise et la dispersion ralentit. En cela nous nous rapprochons de la psychanalyse.


Le sujet débute un travail analytique lorsque sa souffrance devient insoutenable. La cure psychanalytique est d’autant plus singulière car elle implique le sujet à une régularité et un effet non immédiat. En effet, tout individu commençant une cure doit avoir conscience de la dureté et de la longueur de ce travail. La souffrance se manifeste généralement par un symptôme qui prend de plus en place dans la vie du sujet. En psychanalyse, nous insistons sur le fait que tout symptôme a une fonction protectrice et qu’il faut être vigilant à ne pas vouloir le faire disparaitre trop rapidement. Nous pouvons constater, que beaucoup de personnes, (et ce constat est tout à fait compréhensible) émettent le souhait d’enlever tout symptôme, toute souffrance le plus rapidement possible. 

Certaines thérapies le proposent et effectivement permettent de faire disparaitre le symptôme, mais à quel prix ? Est-ce que quelques temps plus tard le patient ne reviendra pas avec un autre symptôme ? Tout simplement car la « vrai origine » de la souffrance n’aura pas été révélée. Lors d’une cure psychanalytique, il est donc nécessaire de se laisser le temps de se découvrir en profondeur, par un accès à son inconscient et donc une part inconnue de soi que personne ne peut contrôler. C’est par ce travail (par la parole, l’analyse des actes manqués et des rêves) que la souffrance laissera place à une libération de son être.

Les deux démarches deviennent complémentaires si la personne qui les pratique a le désir de les associer dans un même but, celui d’apprendre quelque chose sur soi dans une envie de sagesse et de soulagement. Pour cela, il faut savoir se reconnecter à soi-même, s’écouter, vouloir se libérer d’une source d’affliction et se laisser être à une vérité qui jaillit du plus profond de soi.

La singularité du sujet


Chaque être humain est unique avec son propre corps, ses pensées, ses envies, ses besoins et ses désirs. Il forme un tout entre son corps, son esprit, ses émotions et son âme. Ces deux pratiques doivent s’adapter à chaque sujet. En effet, lors de la pratique des asanas par exemple, le professeur doit veiller à la sécurité de chacun et adapté toute position aux capacités de l’élève. Aucune personne ne doit se sentir à l’écart et bénéficier d’une posture dans laquelle il se sent bien. L’élève est pris dans son contexte, chaque posture est la représentation symbolique d’une difficulté qu’il a à traverser, un équilibre à trouver.

Chaque individu a sa propre morphologie, constitution osseuse, musculaire nous sommes tous fait de manière différente. Il est donc nécessaire d’apprendre à connaitre les limites de son corps et également ses capacités : la pratique régulière du yoga permet cette analyse. Chaque personne peut adapter sa pratique yogique en fonction de ses besoins (exercices de pranayama, choix des asanas, pratique régulière de la méditation).


En psychanalyse, respecter et sublimer la singularité du sujet sont deux priorités au sein d’une cure. Parfois, l’analysant peut rencontrer des problématiques, des traumatismes similaires mais jamais ils ne seront vécus de manière identique. C’est tout ce qui fait la beauté et la richesse de cette profession. Tout comme chaque séance est unique et ne peut être préparée à l’avance. Le sujet arrive avec ses émotions, son état physique et moral du moment et personne ne peut le déterminer à l’avance. 

La libre association d’idées permet à chacun de faire ses propres interprétations sans l’intervention de l’analysant. Par ce biais, le patient apprend à connaitre ses problématiques ainsi que les mécanismes de défense qu’il met en place dans sa vie quotidienne. Le cadre posé lors d’une cure psychanalytique, renforce cette reconnaissance de la singularité de chaque individu. En effet, chaque semaine, le patient a son propre créneau et même s’il ne peut pas venir il ne sera pas remplacé par un autre. C’est très important car cela signifie que ce temps-là n’est dédié qu’à lui. Dans ces deux disciplines, le corps détient une place primordiale.


Le corps médiateur

C’est celui qui fait, un corps qui fait passage entre ce qui est de soi et ce qui est de l’altérité.

Le yoga considère le corps humain comme un « cosmos intérieur ». Le corps est un passeur, l’espace d’une résonance entre l’individualité et le monde, entre l’homme charnel et le sacré, entre la conscience et l’inconscient. Le yoga par la pratique des pranayamas, des asanas, de la méditation permet aux énergies de circuler, de converger de mettre en relation l’ensemble de notre corps mêlé à notre esprit.


En psychanalyse, le corps n’est pas évincé de la cure. C’est bien par ses symptômes que le sujet vient en analyse, qui s’exprime la plupart du temps par le corps. Nous devons à Freud d’avoir reconnu dans le corps, la parole empêchée qui cherche à se dire. C’est donc par les symptômes que nous tentons d’entendre ce que le corps dans sa chair porte de souffrance, ce qu’il est en train de signifier. Il n’est certes pas sollicité dans un exercice physique mais c’est par lui que l’analysant va savoir ce qui l’anime à son insu. Il est le produit de l’inconscient. Le corps porte la mémoire de nos traumas les plus anciens, ce qui ne peut se dire se somatise. Il est indispensable à notre équilibre psychique, de mettre en mots nos maux. Si des symptômes apparaissent c’est que l’inconscient s’ouvre pour en déchiffrer la vérité (d’où le danger de vouloir éradiquer le symptôme).

La pratique du yoga et de la psychanalyse est donc reliée à ce que nous vivons, ce que nous avons appris de nous-même, qui se réactualise au quotidien. Ce ne sont pas des autres que nous sommes dépendants mais nos affects qui parfois nous empêchent de nous sentir libre.

Rester connecter à son énergie de vie est un but commun à ces deux disciplines. Cette énergie dilate, délasse et redonne confiance, la porte s’ouvre sur une toute autre façon de voir.


Yoga et vie, Psychanalyse et désir de vivre, Yoga et communication, Psychanalyse et langage sont des maîtres mots pour rentrer dans un mouvement, une action de vie qui unit le geste, le souffle et la sagesse d’un désir.


Audrey Mançon-Cabrol

Psychologue - Marseille

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